Méditons l’Evangile d’aujourd’hui, temps du Carême – 4ème semaine, année B

Texte de l’Évangile (Mt 1,16.18-21.24a)
Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ (ou Messie). Voici quelle fut l’origine de Jésus Christ. Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph; or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement; il décida de la répudier en secret.

Il avait formé ce projet, lorsque l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit: «Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse: l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire: Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés». Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit: il prit chez lui son épouse.


«Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse»

 

Aujourd’hui l’Église célèbre la solennité de Saint Joseph, époux de Marie. C’est comme une parenthèse dans l’austérité du Carême. Mais dans la joie de cette fête, rien ne nous empêche de pouvoir continuer à avancer dans le chemin de la conversion, propre des jours du Carême.

Joseph est bien celui qui, élevant son regard, s’efforce pour s’adapter au plan de Dieu. Et Joseph est bien aussi celui qui, regardant les autres, essaie toujours d’interpréter dans le bon sens toutes leurs actions afin de sauvegarder leur bonne renommée. C’est dans ces deux aspects de la bonté que Saint Joseph nous apparaît dans l’Évangile d’aujourd’hui.

Sur chacun de nous Dieu a un plan d’amour, car «Dieu est amour» (1Jn 4,8). Mais les difficultés de notre vie font que, parfois, nous ne sachions pas le découvrir. Et, en bonne logique, nous nous plaignons et nous refusons les croix que le Seigneur nous tend.

Il a dû être difficile pour Saint Joseph de voir que Marie «avant qu’ils aient habité ensemble, fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint» (Mt 1,18). Il avait décidé de la répudier, mais «en secret» (Mt 1,19). Mais, en même temps, «lorsque l’ange du Seigneur lui apparut en songe» (Mt 1,20), lui dévoilant qu’il devait devenir le père légal de l’Enfant, il accepta immédiatement «et il prit chez lui son épouse» (Mt 1,24).

Le Carême est une bonne occasion pour découvrir ce que Dieu attend de nous, et renforcer notre désir de le mener à bien. Demandons au bon Dieu, comme nous le dirons dans la collecte de la Messe, «que les mérites de l’Époux de votre très sainte Mère soient notre secours, nous vous en prions, Seigneur». Qu’Il nous fasse avancer dans notre chemin de conversion tout en imitant Saint Joseph dans l’acceptation de la volonté de Dieu et l’exercice de la charité envers notre prochain. Et, en même temps, rappelons-nous que «toute la sainte Église est débitrice avec la Mère Vierge, car c’est à travers Elle que l’Église a reçu le Christ, mais, ensuite, Saint Joseph est celui qui mérite le plus notre remerciement et notre révérence» (Saint Bernardin de Sienne).

+ Mgr. Ramon MALLA i Call Evêque Emérite de Lérida (Lleida, Espagne)

Méditons l’Evangile d’aujourd’hui, temps du Carême – 4ème semaine, année B

Texte de l’Évangile (Jn 5,31-47)
«Si je me rendais ce témoignage à moi-même, mon témoignage ne serait pas vrai; il y a quelqu’un d’autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu’il me rend est vrai. Vous avez envoyé une délégation auprès de Jean Baptiste, et il a rendu témoignage à la vérité. Moi, je n’ai pas à recevoir le témoignage d’un homme, mais je parle ainsi pour que vous soyez sauvés. Jean était la lampe qui brûle et qui éclaire, et vous avez accepté de vous réjouir un moment à sa lumière. Mais j’ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean: ce sont les œuvres que le Père m’a données à accomplir; ces œuvres, je les fais, et elles témoignent que le Père m’a envoyé. Et le Père qui m’a envoyé, c’est lui qui m’a rendu témoignage. Vous n’avez jamais écouté sa voix, vous n’avez jamais vu sa face, et sa parole ne demeure pas en vous, puisque vous ne croyez pas en moi, l’envoyé du Père.»

Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez trouver en elles la vie éternelle; or, ce sont elles qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie! La gloire, je ne la reçois pas des hommes; d’ailleurs je vous connais: vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu.»

Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas; si un autre vient en son propre nom, celui-là, vous le recevrez! Comment pourriez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique! Ne pensez pas que c’est moi qui vous accuserai devant le Père. Votre accusateur, c’est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance. Si vous croyiez en Moïse, vous croiriez aussi en moi, car c’est de moi qu’il a parlé dans l’Écriture. Mais si vous ne croyez pas ce qu’il a écrit, comment croirez-vous ce que je dis?».


«Si je me rendais ce témoignage à moi-même, mon témoignage ne serait pas vrai»

Aujourd’hui l’Évangile nous montre comment Jésus répond à l’objection suivante: selon le Deutéronome (19,15), pour la validité d’un témoignage, deux ou trois témoins sont requis. Jésus allègue en sa faveur le témoignage de Jean-Baptiste, le témoignage du Père —qui se manifeste dans les miracles qu’Il réalise— et, enfin, le témoignage des Écritures.

Jésus reproche à ceux qui l’écoutent trois raisons qui les empêchent de voir en lui le Messie Fils de Dieu: le manque d’amour de Dieu; l’absence de droiture d’intention —ils cherchent seulement la gloire humaine— et une interprétation des Écritures selon leurs propres intérêts.

Le Saint Père Jean-Paul II nous écrivait: «On ne parvient à la contemplation du visage du Christ qu’en écoutant dans l’Esprit la voix du Père, car nul ne connaît le Fils hors du Père (cf. Mt 11,27). Aussi, la révélation du Très-haut est-elle nécessaire. Mais, pour l’accueillir, il est indispensable de se mettre en attitude d’écoute».

C’est pourquoi, pour confesser Jésus-Christ comme vrai Fils de Dieu, les preuves externes qu’on nous présente ne suffisent pas; la droiture de la volonté, c’est-à-dire les bonnes dispositions, s’avère nécessaire.

En ce temps de Carême, en intensifiant les œuvres de pénitence qui facilitent le renouvellement intérieur, nous améliorerons nos dispositions pour contempler le véritable visage du Christ. Voilà pourquoi saint Josemaría nous dit: «Ce Christ que tu imagines n’est pas Jésus, mais la triste image que forment tes yeux troubles… Purifie-toi. Clarifie ton regard par l’humilité et la pénitence. Alors… les claires lumières de l’Amour ne te manqueront pas. Et tu auras une vision parfaite. Ton image sera réellement la sienne: Lui!».

Abbé Miquel MASATS i Roca (Girona, Espagne)

 

Méditons l’Evangile d’aujourd’hui, temps du Carême – 4ème semaine, année B

Texte de l’Évangile (Jn 5,17-30)
Jésus leur déclara: «Mon Père, jusqu’à maintenant, est toujours à l’œuvre, et moi aussi je suis à l’œuvre». C’est pourquoi, de plus en plus, les Juifs cherchaient à le faire mourir, car non seulement il violait le repos du sabbat, mais encore il disait que Dieu était son propre Père, et il se faisait ainsi l’égal de Dieu.

Jésus reprit donc la parole. Il leur déclarait: «Amen, amen, je vous le dis: le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui montrera des œuvres encore plus grandes, si bien que vous serez dans l’étonnement. Comme le Père, en effet, relève les morts et leur donne la vie, le Fils, lui aussi, donne la vie à qui il veut. Car le Père ne juge personne: il a donné au Fils tout pouvoir pour juger, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui ne rend pas honneur au Fils ne rend pas non plus honneur au Père, qui l’a envoyé. Amen, amen, je vous le dis: celui qui écoute ma parole et croit au Père qui m’a envoyé, celui-là obtient la vie éternelle et il échappe au Jugement, car il est déjà passé de la mort à la vie.»

Amen, amen, je vous le dis: l’heure vient -et c’est maintenant- où les morts vont entendre la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même; et il lui a donné le pouvoir de prononcer le Jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme. Ne soyez pas surpris; l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux vont entendre sa voix, et ils sortiront: ceux qui ont fait le bien, ressuscitant pour entrer dans la vie; ceux qui ont fait le mal, ressuscitant pour être jugés. Moi, je ne peux rien faire de moi-même; je rends mon jugement d’après ce que j’entends, et ce jugement est juste, parce que je ne cherche pas à faire ma propre volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé».


«Amen, amen, je vous le dis: celui qui écoute ma parole et croit au Père qui m’a envoyé, celui-là obtient la vie éternelle»

Aujourd’hui l’Évangile nous parle de la réponse que Jésus fit à ceux qui ne voyaient pas d’un bon oeil qu’Il ait guéri un paralytique le jour du Sabbat. Jésus Christ profite de ces critiques pour manifester sa condition de Fils de Dieu et, en conséquence, de Maître du Sabbat. Certaines de ses paroles motiveront sa condamnation lors du jugement chez Caïphe. En effet, quand Jésus se présenta comme Fils de Dieu, le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant: «Il a blasphémé! Pourquoi nous faut-il encore des témoins? Vous venez d’entendre le blasphème! Quel est votre avis?» (Mt 26,65).

À plusieurs reprises, Jésus avait fait référence au Père, en établissant toujours une distinction: la Paternité de Dieu est différente selon qu’il s’agit du Christ ou des hommes. Et les juifs qui l’écoutaient le comprenaient très bien: il n’était pas Fils de Dieu comme les autres, la filiation qu’il réclamait pour Lui était une filiation naturelle. Jésus affirme qu’il est l’égal du Père par nature, bien qu’il s’agisse de personnes différentes. Il manifeste ainsi sa divinité. Voilà un passage de l’Évangile très intéressant pour la révélation du mystère de la Sainte Trinité.

Dans ce que le Seigneur dit aujourd’hui, il y a des choses qui concernent en particulier tous ceux qui, au long de l’histoire, croiront en Lui: écouter et croire à Jésus c’est obtenir déjà la vie éternelle (cf. Jn 5,24). Certes, ce n’est pas encore la vie définitive, mais c’est d’ores et déjà participer de sa promesse. Il est bon de ne pas l’oublier, en faisant l’effort d’écouter la parole de Jésus, comme ce qu’elle est vraiment: la Parole de Dieu qui nous apporte le salut. La lecture et la méditation de l’Évangile doivent faire partie de nos pratiques religieuses habituelles. Dans les pages révélées nous entendrons les paroles de Jésus, paroles immortelles qui ouvrent les portes de la vie éternelle. Tout compte fait, comme le disait saint Éphrem de Syrie, la Parole de Dieu est une source inépuisable de vie.

Abbé Francesc PERARNAU i Cañellas (Girona, Espagne)

Méditons l’Evangile d’aujourd’hui, temps du Carême – 4ème semaine, année B

Texte de l’Évangile (Jn 5,1-3.5-16)
Après cela, à l’occasion d’une fête des Juifs, Jésus monta à Jérusalem. Or, à Jérusalem, près de la Porte des Brebis, il existe une piscine qu’on appelle en hébreu Bézatha. Elle a cinq colonnades, sous lesquelles étaient couchés une foule de malades: aveugles, boiteux et paralysés. Il y en avait un qui était malade depuis trente-huit ans. Jésus, le voyant couché là, et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps, lui dit: «Est-ce que tu veux retrouver la santé?». Le malade lui répondit: «Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi». Jésus lui dit: «Lève-toi, prends ton brancard, et marche». Et aussitôt l’homme retrouva la santé. Il prit son brancard: il marchait!

Or, ce jour-là était un jour de sabbat. Les Juifs dirent à cet homme que Jésus avait guéri: «C’est le sabbat! Tu n’as pas le droit de porter ton brancard». Il leur répliqua: «Celui qui m’a rendu la santé, c’est lui qui m’a dit: ‘Prends ton brancard, et marche!’». Ils l’interrogèrent: «Quel est l’homme qui t’a dit: ‘Prends-le, et marche’?». Mais celui qui avait été guéri ne le savait pas; en effet, Jésus s’était éloigné, car il y avait foule à cet endroit. Plus tard, Jésus le retrouva dans le Temple et lui dit: «Te voilà en bonne santé. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver pire encore». L’homme partit annoncer aux Juifs que c’était Jésus qui lui avait rendu la santé. Et les Juifs se mirent à poursuivre Jésus parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat.


«Jésus, le voyant couché là: ‘Est-ce que tu veux retrouver la santé?’»

Aujourd’hui saint Jean nous parle de la scène de la piscine de Bézhata. Elle ressemblait, plutôt, à la salle d’attente d’un hôpital pour traumatisés: «Une foule de malades étaient couchés: aveugles, boiteux et paralysés» (Jn 5,3). Et Jésus s’y rendit.

Comme c’est étonnant! L’on trouve toujours Jésus au beau milieu des problèmes. Là où il existe une possibilité de “libérer”, de rendre quelqu’un heureux, le voici. Les pharisiens, par contre, ne songeaient qu’au Sabbat. Leur mauvaise foi tuait l’esprit. La colère du péché dégoulinait de leurs yeux. Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre!

Le protagoniste du miracle était malade depuis trente-huit ans. «Est-ce que tu veux retrouver la santé?» (Jn 5,6), lui dit Jésus. Depuis longtemps qu’il luttait dans le vide, faute d’avoir rencontré Jésus. Mais, maintenant, il avait trouvé l’Homme. Les cinq colonnades de la piscine de Bézhata retentirent lorsqu’on entendit la voix du Maître: «Lève-toi, prends ton brancard, et marche» (Jn 5,8). Ce fut l’affaire d’un instant.

La voix du Christ est la voix de Dieu. Tout était neuf dans ce vieux paralysé, usé par le découragement. Plus tard, saint Jean Chrysostome nous dira que dans la piscine de Bézhata les maladies du corps étaient guéries, et qu’avec le Baptême ce sont les maladies de l’âme qu’on guérit. Là, c’était de temps en temps et pour un seul malade à la fois. Dans le Baptême, c’est pour toujours et pour tous. Dans le deux cas, le pouvoir de Dieu est manifesté par l’eau.

Le paralytique impuissant au bord de l’eau, ne te fait-il pas songer à l’expérience de notre propre impuissance à faire le bien? Comment essayons–nous de résoudre, tout seul, ce qui relève d’un pouvoir surnaturel? Te rends-tu compte que chaque jour, autour de toi, il a une foule de paralytiques qui “se remuent” beaucoup, mais n’arrivent pas à échapper de leur manque de liberté? Le péché paralyse, vieillit, tue. Il nous faut regarder Jésus. Il est nécessaire qu’Il —sa Grâce— nous plonge dans les eaux de la prière, de la confession, de l’ouverture de le esprit. Toi et moi, nous pouvons être de sempiternels paralytiques, ou des porteurs et des instruments de lumière.

Abbé Àngel CALDAS i Bosch (Salt, Girona, Espagne)

 

Méditons l’Evangile d’aujourd’hui, temps du Carême – 4ème semaine, année B

Texte de l’Évangile (Jn 4,43-54)
Jésus, après avoir passé deux jours chez les Samaritains, partit pour la Galilée. Lui-même avait attesté qu’un prophète n’est pas honoré dans son propre pays. Il arriva donc en Galilée; les Galiléens lui firent bon accueil, car ils avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem pendant la fête de la Pâque, puisqu’ils étaient allés eux aussi à cette fête. Ainsi donc Jésus revint à Cana en Galilée, où il avait changé l’eau en vin.

Or, il y avait un fonctionnaire royal, dont le fils était malade à Capharnaüm. Ayant appris que Jésus arrivait de Judée en Galilée, il alla le trouver; il lui demandait de descendre à Capharnaüm pour guérir son fils qui était mourant. Jésus lui dit: «Vous ne pourrez donc pas croire à moins d’avoir vu des signes et des prodiges?». Le fonctionnaire royal lui dit: «Seigneur, descends, avant que mon enfant ne meure!». Jésus lui répond: «Va, ton fils est vivant».

L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et il partit. Pendant qu’il descendait, ses serviteurs arrivèrent à sa rencontre et lui dirent que son enfant était vivant. Il voulut savoir à quelle heure il s’était trouvé mieux. Ils lui dirent: «C’est hier, au début de l’après-midi, que la fièvre l’a quitté». Le père se rendit compte que c’était justement l’heure où Jésus lui avait dit: «Ton fils est vivant». Alors il crut, avec tous les gens de sa maison. Tel est le second signe que Jésus accomplit lorsqu’il revint de Judée en Galilée.


«Jésus, après avoir passé deux jours chez les Samaritains, partit pour la Galilée»

Aujourd’hui nous rencontrons de nouveau Jésus à Cana de Galilée, où il avait réalisé le fameux miracle de la conversion de l’eau en vin. Et voici qu’il fait un nouveau miracle: la guérison du fils d’un fonctionnaire royal. Le premier avait été spectaculaire, mais celui-ci a sans doute plus de valeur: il ne résout pas un embarras matériel, il s’agit d’une vie humaine.

Ce qui attire l’attention ici, c’est que Jésus agit à distance. Il ne se rend pas à Capharnaüm pour guérir directement le malade; il lui redonne la santé sans bouger de Cana: «Le fonctionnaire royal lui dit: ‘Seigneur, descends, avant que mon enfant ne meure!’. Jésus lui répond: ‘Va, ton fils est vivant’» (Jn 4,49.50).

Cela nous rappelle que, tous, nous pouvons faire beaucoup de bien à distance, sans devoir être présents à l’endroit où l’on sollicite notre générosité. Nous aidons, par exemple, le Tiers Monde en collaborant économiquement avec nos missionnaires ou avec des entités catholiques qui y travaillent. Nous aidons les pauvres des quartiers marginaux des grandes villes par nos apports à des institutions comme Caritas, sans que nous devions y mettre les pieds. Nous pouvons même donner une grande joie à beaucoup de gens qui sont loin de nous, par un appel téléphonique, une lettre ou un message électronique.

Bien souvent, nous trouvons une excuse dans l’impossibilité d’être physiquement présents dans les lieux où il y a des nécessités urgentes. Jésus, n’a pas cherché d’excuse; il a fait le miracle.

La distance n’est pas un problème à l’heure d’être généreux, car la générosité sort du cœur et dépasse les frontières. Comme le disait saint Augustin: «Qui possède la charité dans son cœur, trouve toujours une chose à donner».

Abbé Ramon Octavi SÁNCHEZ i Valero (Viladecans, Barcelona, Espagne)

Méditons l’Evangile d’aujourd’hui, temps du Carême – 4ème dimanche, année B

Texte de l’Évangile (Jn 3,14-21)
Jésus dit à Nicodème: «De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en Lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.»
Et le Jugement, le voici: quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière: il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu».


«Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique»

Aujourd’hui la liturgie nous offre à l’avance un parfum de la joie pascale. Les vêtements liturgiques sont roses. C’est le dimanche de « lætare » qui nous invite à une joie paisible. «Réjouis-toi, Jérusalem, et rassemblez-vous, vous tous qui l’aimez…», crie le chant d’ouverture.

Dieu veut que nous soyons heureux. La psychologie la plus basique nous dit qu’une personne qui n’est pas heureuse finit par être un malade du corps et de l’esprit. Cela dit, notre joie doit être une joie qui a des bonnes bases, elle doit être l’expression de la paix d’une vie qui a un sens. Sinon, la joie dégénèrerait et deviendrait superficielle et stupide. Sainte Thérèse les distinguait avec justesse entre « sainte joie » et « folle joie ». La dernière étant une joie extérieure qui ne dure que très peu et qui nous laisse un goût amer.

Ce sont des jours difficiles pour la vie de la foi. Mais ce sont des temps passionnants également. Nous expérimentons, d’une certaine manière, l’exil de Babylone, celui que chante le psaume. Nous pouvons nous aussi vivre une expérience d’exil «nous pleurions, en nous souvenant de Sion» (Ps 136,1). Les difficultés extérieures, et surtout, le péché, peuvent nous amener sur les rivages de Babylone. Mais malgré tout, il y a des raisons pour garder l’espérance, et Dieu continue à nous dire: «Que ma langue s’attache à mon palais, si je cesse de penser à toi» (Ps 136,6).

Nous pouvons vivre toujours heureux car Dieu nous aime à la folie, tellement «qu’il a donné son Fils unique» (Jn 3,16). Bientôt, nous accompagnerons ce Fils unique dans son chemin de mort et résurrection. Nous contemplerons l’amour de Celui qui nous aime jusqu’au point de se donner pour nous tous, pour toi et pour moi. Et nous serons remplis d’amour en voyant «Celui qu’ils ont transpercé» (Jn 19,37) et grandira en nous une joie que personne ne pourra nous enlever.

La vraie joie qui remplit notre vie n’est pas le résultat de nos efforts personnels. Saint Paul nous le rappelle: elle ne vient pas de nous, c’est un don de Dieu, nous sommes son œuvre (Col 1,11). Laissons Dieu nous aimer et aimons-le en retour, et notre joie sera grande tant dans notre vie que lors de la prochaine Pâque. N’oublions pas de nous laisser caresser et transformer par Dieu en faisant une bonne confession avant Pâques.

Abbé Joan Ant. MATEO i García (Tremp, Lleida, Espagne)

 

Méditons l’Evangile d’aujourd’hui, temps du Carême – 3ème semaine

Texte de l’Évangile (Lc 18,9-14)

Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres: «Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain. Le pharisien se tenait là et priait en lui-même: ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes: voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne’. Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel; mais il se frappait la poitrine, en disant: ‘Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis!’. Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l’autre. Qui s’élève sera abaissé; qui s’abaisse sera élevé».


«C’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste»

Fr. Gavan JENNINGS(Dublín, Irlande)Aujourd’hui, le Christ nous présente deux hommes qui, pour un observateur « ordinaire » pourraient sembler presque identiques, car ils se trouvent au même endroit et font la même chose: tous les deux sont «montés au temple pour prier» (Lc 18,10). Mais au-delà des apparences, au plus profond de leur conscience personnelle, les deux hommes diffèrent radicalement: l’un, le pharisien, a la conscience tranquille, alors que l’autre, le publicain —collecteur d’impôts— est inquiet car il ressent de la culpabilité.

Aujourd’hui, nous avons tendance à considérer les sentiments de culpabilité —le remords— comme quelque chose qui se rapproche d’une aberration psychologique. Cependant, le sentiment de culpabilité permet au publicain de ressortir du Temple réconforté, car «lorsque cet homme est redescendu à sa maison il était devenu juste alors que l’autre non» (Lc 18,14). «Ce sentiment de culpabilité» a écrit Benoît XVI quand il était encore le Cardinal Ratzinger (« Conscience et vérité ») «trouble la fausse tranquillité de la conscience et on peut l’appeler « protestation de la conscience » contre mon existence faite d’auto-satisfaction. Il est aussi nécessaire pour l’homme que la douleur physique, qui signifie une altération du fonctionnement normal du corps».

Jésus ne nous incite pas à penser que le pharisien ne dit pas la vérité quand il affirme qu’il n’est pas un rapace, qu’il n’est ni injuste ni adultère et qu’il jeûne et donne de l’argent au Temple (cf. Lc 18,11); ni que le collecteur d’impôts délire en se considérant comme un pécheur. Ce n’est pas la question. C’est plutôt que «le pharisien ne se rend plus compte que lui aussi est coupable. Sa conscience est complètement nette. Mais le « silence de la conscience » le rend impénétrable vis-à-vis de Dieu et des hommes, alors que le « cri de la conscience » qui inquiète le publicain le rend capable de sentiments de vérité et d’amour. Jésus peut troubler les pécheurs!» (Benoît XVI).

Fr. Gavan JENNINGS (Dublín, Irlande)