Samedi 9 mai – Evangile de Jésus Christ selon Saint Jean

« Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 7-14)

Alléluia. Alléluia.
Si vous demeurez dans ma parole,
vous êtes vraiment mes disciples ;
alors vous connaîtrez la vérité, dit le Seigneur.
Alléluia. (Jn 8, 31b- 32)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Puisque vous me connaissez,
vous connaîtrez aussi mon Père.
Dès maintenant vous le connaissez,
et vous l’avez vu. »
Philippe lui dit :
« Seigneur, montre-nous le Père ;
cela nous suffit. »
Jésus lui répond :
« Il y a si longtemps que je suis avec vous,
et tu ne me connais pas, Philippe !
Celui qui m’a vu
a vu le Père.
Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ?
Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père
et que le Père est en moi !
Les paroles que je vous dis,
je ne les dis pas de moi-même ;
le Père qui demeure en moi
fait ses propres œuvres.
Croyez-moi :
je suis dans le Père,
et le Père est en moi ;
si vous ne me croyez pas,
croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes.
Amen, amen, je vous le dis :
celui qui croit en moi
fera les œuvres que je fais.
Il en fera même de plus grandes,
parce que je pars vers le Père,
et tout ce que vous demanderez en mon nom,
je le ferai,
afin que le Père soit glorifié dans le Fils.
Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom,
moi, je le ferai. »

– Acclamons la Parole de Dieu.


Commentaire

Pascal dans son écrit « Preuves de Jésus Christ », extrait des Pensées, estime que « seul Dieu parle bien de Dieu ? » Dans le passage d’évangile de ce jour, le Fils parle de son Père comme personne ne peut en parler : Il nous dit combien il est en parfaite union avec lui, combien ses paroles sont toutes issues du Père, combien le Père est à la source de son être, tel un jaillissement éternel. Sommes-nous mis à l’écart de cet amour ? Non car il nous est donné d’y participer par le don de l’Esprit. « Celui qui m’a vu a vu le Père. » Que cela est beau à entendre. Il s’agit, ici, de l’une des plus belles révélations de l’Evangile. Jésus et le Père ne font pas un, ils sont uns. Et aujourd’hui   4éme samedi de Pâques, l’Eglise nous invite à considérer l’importance pour un chrétien de pouvoir connaître le Christ, intimement et chaque fois mieux. Nous sommes la transparence du Fils parce que nous sommes oints de l’Esprit de Jésus par notre baptême et notre confirmation : l’Esprit nous fait chrétien. A l’aube de la chrétienté, ce sont les païens, ceux d’Antioche, qui observant la manière de vivre de la première génération de croyants, en les voyant mettre tout en commun, leur donnèrent le nom de chrétiens, ce qui signifie que nous sommes d’autres Christs.

Il ne s’agit pas ici d’opérer des miracles encore plus prodigieux que ceux de Jésus : Il s’agit de vivre le mieux possible comme Jésus, dévêtu de nous-mêmes. Dieu n’habite que dans un cœur dépouillé. Chacune de nos actions faites sous l’emprise de l’Esprit de Dieu, est une œuvre plus grande. Plus grande parce que nous humains, pécheurs reconciliés, « pécheurs regardés par le Seigneur » disait notre Pape François, poursuivons l’agir de Dieu. Plus grande parce que Jésus, par nous, fait autant de merveilles que lorsqu’il était parmi nous. Chaque fois que nous rassemblons  « les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52), chaque fois que nous « triomphons du monde » (Jn16, 8-11), chaque fois que nous relevons un blessé de la route (Lc10,25-37), chaque fois que nous « débordons de joie » d’énergie, nous faisons une œuvre plus grande encore : nous montrons le Père.

Voilà l’inouïe de notre être chrétien, voilà l’ineffable nouvelle. Comment croire que non seulement Jésus s’intéresse à nous, que non seulement il est pain de vie mais qu’il poursuit à travers nous son œuvre de salut. La demande de Philippe, « Montre-nous le Père » exprime l’aspiration universelle de voir Dieu, la source de tout bien. L’union du Fils à son Père est si parfaite, que Jésus peut reprocher à Philippe de ne pas le connaître, s’il n’a pas vu Dieu en lui. La demande de Philippe supposait que l’homme peut voir directement Dieu, alors que c’est uniquement par la médiation de Jésus qu’il devient possible de communiquer avec le Père. L’aspiration religieuse de l’humanité peut se réaliser depuis que le Fils de Dieu s’est incarné : dans ses actions, ses paroles et sa personne, Jésus révèle Dieu

La montée de Jésus vers le Père produira l’efficacité missionnaire des disciples. L’œuvre de Jésus était nécessairement incomplète : Jésus glorifié peut donner l’Esprit à ses disciples et il peut accomplir, ainsi, par eux des « œuvres plus grandes » qu’avant sa glorification. Comment pouvons-nous faire des choses plus grandes que celles de Jésus ? Au long des siècles, remplis du désir de rendre le monde meilleur, nous avons maîtrisés les maladies, (même si ce n’est pas encore le cas pour le Covid 19, mais nous y arriverons), combattu la famine, dompté les inondations des rivières, et conclu des alliances pour que la paix soit possible. Fais Seigneur que je continue ton œuvre avec la présence de ton Esprit en moi.  Jour après jour, que je puisse te connaître plus clairement, t’aimer plus ardemment, te suivre plus surement.

Jacques Averbuch – diacre