Deux oreilles pour écouter
On raconte que, pour les Anciens, la formation du corps humain commençait par le façonnement de l’oreille. Contestable pour le savant, mais signifiant pour le croyant qui entre en carême.
Dieu seul peut ouvrir l’oreille de l’être humain car il a pris le temps de la creuser. Le stoïciens Épictète n’a-t-il pas raison d’affirmer : « Dieu a donné à l’homme deux oreilles, mais une seule bouche, pour qu’il puisse écouter deux fois plus qu’il ne parle » ?
Le carême offre 40 jours pour se mettre à l’écoute et prêter l’oreille. L’écoute est requise pour s’engager dans cette longue traversée, car elle aiguise l’attention à la parole qui surprend, désinstalle et requiert. Une parole qui vient aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur. Fermer son oreille au frère peut empêcher Dieu de parler. L’invitation à l’écoute est une sollicitation à l’obéissance : écouter et obéir ont la même racine en hébreu. Et il n’est pas de plus haute obéissance que celle de la foi, cette remise totale entre les mains du Seigneur. Tel est le secret de la vie selon le Dieu d’Isaïe : « tendez l’oreille, venez vers moi, écouter et vous vivrez » entre (Is 55,3)
Sylvain Gasser, prêtre assomptionniste
« Prions en Église » Éditorial – mars 2023.