Journée des Migrants : Caritas Europe s’élève contre les murs et la violence

À l’occasion de la Journée internationale des migrants, Caritas Europe appelle les décideurs politiques à faciliter la mobilité humaine au lieu de traiter les migrants comme une menace ou des armes. L’ONG fait écho aux paroles du Pape François qui nous exhorte à nous laisser creuser par leur souffrance pour réagir à notre indifférence.

Vatican News

Dans un tweet publié à l’occasion de cette Journée international des migrants, le Pape François appelle à regarder «dans les yeux les rejetés que nous rencontrons», à se laisser provoquer «par les visages des enfants, fils de migrants désespérés», à se laisser creuser intérieurement «par leur souffrance pour réagir à notre indifférence». Caritas Europe, de son côté, interpelle les gouvernants pour que les migrants ne soient plus perçus comme une menace mais comme «des êtres humains qui traversent les frontières pour différentes raisons – pour chercher une protection, travailler, étudier, retrouver des membres de leur famille». Des personnes qui «doivent être traitées avec dignité et non avec mépris».

Caritas Europe appelle ainsi à l’ouverture de routes sûres et régulières vers l’Europe et non à l’édification de murs plus hauts et à la violence. L’ONG pointe du doigt «les politiques de panique et de rejet» qui dominent et qui tuent trop souvent. Ce «moment particulièrement difficile en Europe» est caractérisé par «les naufrages mortels dans la Manche et la Méditerranée, les personnes utilisées comme des pions à la frontière avec le Bélarus et laissées à l’agonie dans les bois gelés aux portes de l’UE, les innombrables refoulements en Grèce et le long de la route des Balkans».

Ne pas affaiblir la législation sur les réfugiés

L’organisation caritative exhorte aussi les dirigeants européens à résister aux tentatives d’affaiblir la Convention sur les réfugiés, de légaliser les refoulements et d’introduire des dérogations au droit européen, ce dernier point ayant été récemment proposé par la Commission européenne en ce qui concerne la Pologne, la Lituanie et la Lettonie.

Caritas Europe rappelle également les mots que le Pape a prononcés le 5 décembre dernier à Lesbos : «Il est affligeant d’entendre des propositions visant à utiliser les fonds communs pour construire des murs et des barbelés comme solution. […] Pourtant, ce n’est pas en construisant des murs plus hauts que l’on résout les problèmes et que l’on améliore la coexistence, mais en unissant nos forces pour prendre soin des autres selon les possibilités concrètes de chacun et dans le respect de la loi, en donnant toujours la primauté à la valeur inaliénable de la vie de chaque être humain.»

Pour Caritas Europe, «il est urgent de surmonter la peur et d’accepter la mobilité humaine comme un phénomène naturel qui doit être facilité de manière organisée». Caritas insiste aussi sur la contribution positive de l’immigration aux sociétés.

Lesbos: le cri du Pape contre l’indifférence, signe d’un «naufrage de civilisation»

 

 

st Joseph

L’Année saint Joseph, «un signe des temps» pour l’Église de France

«L’Année spéciale saint Joseph», lancée le 8 décembre 2020 par le Pape François, prend fin cette semaine. Décrétée en l’honneur des 150 ans de la proclamation du saint comme patron de l’Église universelle, elle invitait tous les catholiques du monde entier à approfondir leur relation avec l’humble charpentier. Cette année a également ouvert un chemin de foi et d’espérance amené à se prolonger dans l’Église, témoigne Arnaud Bouthéon, chevalier de Colomb, et père de cinq enfants.

Entretien réalisé par Claire Riobé – Cité du Vatican

«Un homme de l’ombre, de l’obéissance, de tendresse et un homme au courage créatif». Pour Arnaud Bouthéon, l’époux de la Vierge Marie est une figure «qui parle énormément au cœur des hommes, notamment ceux en situation de fragilité ou de vulnérabilité». Ce père de famille de 48 ans, co-fondateur du Congrès mission en France et investi dans différentes missions d’Église, témoigne avoir été nourri tout au long de l’année par Patris Cordela lettre apostolique publiée par le Pape François en décembre 2020.

L’exhortation du Saint-Père, et ce qu’il nous transmet de l’héritage de Saint Joseph, ont résonné dans le parcours d’homme et de père chrétien d’Arnaud Bouthéon. «Saint Joseph m’a personnellement rejoint dans ces moments de doutes, de fragilité et même d’angoisse face à l’avenir», décrit-il. De Saint Joseph, la Bible ne nous a transmis jusqu’aujourd’hui aucune parole : Saint Joseph n’était pas un bavard, on ne connaît pas de mot de lui, mais c’était un homme qui s’est laissé bousculer et qui est allé de l’avant, qui a pris des décisions radicales (…).»

Un « signe des temps » pour l’Église de France

La publication de Patris Corde pour l’année 2020 a été un symbole particulièrement fort pour l’Église de France, considère Arnaud Bouthéon. «Je crois beaucoup aux signes des temps. Et sans beaucoup de bruits, l’Église, par la voix du Pape, nous envoie des messages qui de façon providentielle se télescopent avec les signes douloureux des temps (…). Je crois que c’est éminemment prospectif.» Cette année spéciale n’est ainsi que «le début de la découverte de cette figure universelle de Saint Joseph» pour les catholiques, insiste-t-il.

En France, l’invitation du Pape François à se consacrer au Saint patron a donné lieu à diverses initiatives, parmi lesquelles la Grande marche de Saint Joseph, premier pèlerinage national organisé cet été entre Paris et Cotignac. Accompagné d’un groupe d’amis, Arnaud Bouthéon s’est également saisi «de cette petite lettre magnifique» pour la diffuser massivement autour de lui, notamment auprès des 15 000 hommes participant chaque année aux pèlerinages de pères de famille, dans différents sanctuaires de France. Et s’il note une identification masculine autour de patron de la sainte famille, il a aussi «découvert cette année qu’il y avait beaucoup de jeunes femmes (…) qui se sont rapprochées de saint Joseph (…), qui est là pour consoler et donner la force d’espérer».

Modèle d’espérance sur le chemin de Noël

Bien que le temps de l’Avent soit traditionnellement placé sous le regard de Marie, Saint Joseph était, lui aussi, dans l’attente de la naissance du Christ. Dans notre chemin jusqu’à Noël, marqué pour le père de famille par «une période objectivement difficile pour l’Église de France, marquée par des doutes», le patron de la Sainte Famille apparait comme un modèle d’espérance réconfortant : «Dans la perspective de Noël, nous allons passer de l’ombre à la lumière (et) je trouve que saint Joseph nous rejoint dans ce cheminement à la bougie, où l’on ne sait pas trop où l’on va.»

La fin de l’année spéciale Saint Joseph, au milieu de ce temps d’Avent, nous invite ainsi à être tendu vers l’espérance, à l’image du charpentier qui a «permis de protéger l’enfant Jésus et l’a servi», dans l’assurance de la venue du Christ.

 

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