Dimanche 17 juin 2018
11ème dimanche ordinaire, B
Une prière humble et secrète
Chez les hommes qui prient, la parole et la demande doivent être bien réglées, paisibles et modestes. Pensons que nous sommes en présence de Dieu. Il faut que le regard divin trouve plaisir à l’attitude du corps et au ton de la voix. Autant il est inconvenant de vociférer, autant il convient de prier avec modestie et réserve. Le Seigneur nous a ordonné de prier dans le secret, dans des lieux cachés et retirés et même dans notre chambre. C’est ce qui s’accorde le mieux avec la foi, car nous devons savoir que Dieu est présent partout, qu’il entend et voit tous les hommes, que par la plénitude de sa gloire il pénètre dans ce qu’il y a de secret et de caché. Ainsi est-il écrit : Moi, je suis un Dieu proche, et non un Dieu lointain. Si un homme s’enfonce dans des retraites, est-ce que moi, je ne le verrai pas ? Est-ce que moi, je ne remplis pas le ciel et la terre ? Et encore : En tout lieu les regards de Dieu observent les bons et les méchants.
Lorsque, dans l’unité, nous nous rassemblons avec les frères, et que nous célébrons les sacrifices divins avec le prêtre de Dieu, nous devons rester attentifs à la modestie et au bon ordre. Nous ne devons pas éparpiller nos prières en paroles informes ni jeter vers Dieu avec un bavardage bruyant une requête qui devrait être recommandée par la modestie. Car Dieu écoute non la voix mais le cœur. Et nous n’avons pas à attirer par nos cris l’attention de celui qui voit les pensées. Le Seigneur le prouve quand il dit : Pourquoi ces pensées dans vos cœurs ? Et dans un autre passage : Que toutes les Églises le sachent : Moi, je sonde les reins et les cœurs.
Au premier livre des Rois, Anne, qui préfigure l’Église, observe cette règle. Elle n’implorait pas Dieu à grands cris, mais le priait en silence et modestement dans le secret de son cœur. Lorsqu’elle parlait, sa prière était cachée, mais sa foi était manifeste : elle parlait non des lèvres mais du cœur, car elle savait que Dieu entend ce langage. C’est pourquoi elle a obtenu ce qu’elle demandait, car elle suppliait avec foi. L’Écriture le montre, lorsqu’elle dit : Elle parlait dans son cœur, elle remuait les lèvres mais on n’entendait pas sa voix et le Seigneur l’exauça. De même, nous lisons dans les psaumes : Parlez dans vos cœurs, et sur vos lits regrettez vos fautes. Par Jérémie, le Saint-Esprit nous donne le même enseignement : C’est dans notre esprit qu’il faut t’adorer, Seigneur.
Celui qui adore, mes frères bien-aimés, ne doit pas ignorer comment, dans le Temple, à côté du pharisien, priait le publicain. Il ne levait pas les yeux vers le ciel avec effronterie, il ne tendait pas les mains avec insolence. Il se frappait la poitrine, il reconnaissait ses péchés intérieurs et cachés, il implorait le secours de la divine miséricorde.
Alors que le pharisien se complaisait en lui-même ; il obtint d’être sanctifié de préférence à celui-ci. Car il priait sans mettre l’espérance de son salut dans son innocence puisque personne n’est innocent. Mais il priait en confessant ses péchés et sa prière fut exaucée par celui qui pardonne aux humbles.
Commentaire de Saint Cyprien sur la Prière du Seigneur