« Dieu a envoyé son Fils dans le monde, pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3, 16-21)

Alléluia. Alléluia.
Dieu a tellement aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique,
afin que ceux qui croient en Lui aient la vie éternelle.
Alléluia. (Jn 3, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème :
« Dieu a tellement aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,
mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde,
non pas pour juger le monde,
mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement ;
celui qui ne croit pas est déjà jugé,
du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici :
la lumière est venue dans le monde,
et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière,
parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Celui qui fait le mal déteste la lumière :
il ne vient pas à la lumière,
de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ;
mais celui qui fait la vérité vient à la lumière,
pour qu’il soit manifeste
que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

– Acclamons la Parole de Dieu.


Commentaire

Nous lisons depuis lundi le chapitre 3 de l’Évangile de Jean. Nous nous situons donc, dans tout ce chapitre, au début de la vie publique de Jésus, peu après le premier signe, celui des noces de Cana (ch. 2). C’est dire l’importance des paroles de Jésus que nous lisons aujourd’hui, il annonce l’essentiel de ce qui va suivre, il nous donne précisément l’éclairage nécessaire pour mieux vivre ce qui va suivre. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils unique »: n’est-ce pas déjà là l’annonce de la Pâque que nous venons de vivre? Et si ce « Fils unique » nous a été « donné »,  ce n’est pas pour nous juger, mais pour nous sauver.

Mais que faut-il entendre plus précisément par ce terme « juger »? Le mot grec ainsi traduit signifie séparer, trier, discerner. Lorsqu’il est, comme ici, opposé à « sauver », il semble  indiquer non pas n’importe quel jugement, mais une condamnation. Et Jésus nous dit bien qu’il n’a pas été envoyé pour juger, donc ni pour condamner, ni même pour séparer – les bons des méchants, les pêcheurs des justes – , pas plus que pour stigmatiser ou dénoncer, mais pour sauver « le monde », alors même que ce terme a chez lui une connotation péjorative. Le jugement vient en effet de celui qui se sépare, qui se condamne, et cela par le fait même « qu’il ne croit pas ». Notons la force du verbe employé sans aucun complément, il ne s’agit pas ici de ne pas croire à ceci ou cela, c’est bien plus radical, il s’agit d’un manque total de foi, de confiance. Ce n’est pas Jésus, ni le Père, qui juge, c’est nous-même qui nous jugeons. Pensons à Judas, qui se pend parce qu’il n’a même pas envisagé que Jésus pouvait lui pardonner sa trahison. Alors même que Pierre, en dépit de son triple reniement, a confiance en la miséricorde du Seigneur.

Ce jugement que nous nous infligeons à nous-mêmes est précisé dans la suite du texte. « La lumière est venue dans le monde », Jésus est la lumière, il fait la lumière, il met en lumière, il dissipe les ténèbres, telle une lampe ou une flamme qui fait reculer l’obscurité, en nous et autour de nous. Mais certains, certaines parts de nous-mêmes, fuient la lumière, s’en séparent d’eux-mêmes, se condamnent, se jugent ainsi incapables ou indignes de la supporter. La lumière, c’est une expérience que nous faisons tous concrètement, peut en effet être aveuglante, douloureuse. Mais venir à la lumière, s’exposer à elle, c’est aussi un processus de libération, c’est accepter, admettre, reconnaître les « mauvaises œuvres » afin, ensuite, de pouvoir s’en écarter.

Ainsi, pour nous, concrètement et quotidiennement, venir à la lumière c’est se laisser éclairer par le Fils, donc être de plus en plus proche de lui, à travers la prière, la lecture et la méditation de sa parole, les gestes et pensées tournés vers les autres, et bien sûr la pratique des différents sacrements. C’est dissiper de plus en plus, ou sans cesse à nouveau, en nous, les ténèbres du péché, mais aussi d’abord de la peur, du manque de confiance, c’est-à-dire du manque de foi, de nos difficultés à croire. Ces difficultés à croire, ce sont celles que les disciples eux-mêmes ont éprouvées au matin de Pâques et dans les jours qui suivent. Il a fallu que Jésus se manifeste encore et encore à eux. La Résurrection a eu lieu dans la nuit, nulle ténèbre ne résiste à cette lumière, encore faut-il accepter de s’y exposer.

Marie-Christine Gillet

Première lecture – Lecture du livre des Actes des Apôtres (Actes  4, 32-37)

La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. C’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous. Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun. Il y avait un lévite originaire de Chypre, Joseph, surnommé Barnabé par les Apôtres, ce qui se traduit : « homme du réconfort ». Il vendit un champ qu’il possédait et en apporta l’argent qu’il déposa aux pieds des Apôtres. – Parole du Seigneur.


Commentaire

Quelques années avant Luc, l’apôtre Paul écrivait ainsi aux Ephésiens : « Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. » (Ep 4, 4). Telle est notre vocation, former un seul corps, rassemblés en un seul Esprit, en vue d’une seule espérance. La réalité est cependant différente. Il y a bien des signes de discorde au sein de l’Eglise, dans nos communautés paroissiales, et jusque dans nos familles. Les Actes des Apôtres et les lettres apostoliques rapportaient déjà la difficulté de maintenir l’unité et la concorde. C’est que le Diviseur n’est jamais loin. Il rôde, et s’engouffre à la moindre ouverture. Seuls, nous ne pouvons rien faire. Mais en puisant à la source d’eau vive, nous pouvons combattre efficacement. C’est pourquoi il nous faut persévérer « dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières » (Actes 2, 42), comme nous le lisions Dimanche dernier.

La Parole de Dieu est transformante. Elle nous interpelle, nous nourrit, et nous vivifie. « De même que la pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, donnant la semence au semeur et le pain à celui qui doit manger ; ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. » (Is 55, 10-11)

La prière est à notre âme ce que l’air est à nos poumons. Débranchée de la prière, l’âme s’asphyxierait bien vite. Alors prions, afin de ne pas nous laisser diviser, mais afin de suivre le chemin que le Seigneur trace pour nous. Prions chaque jour de notre vie. Prions d’un cœur attentif, sincère, humble et confiant. « Parle Seigneur, ton serviteur écoute. » Prions aussi avec Marie, et avec tous les Saints qui ne cessent d’intercéder pour nous.

L’Eucharistie est le pain dont nous avons besoin pour nous laisser transformer, et nous conformer à la ressemblance avec Jésus-Christ. L’Eucharistie est pardon, dans la mesure où nous sommes disposés à pardonner nous aussi. L’Eucharistie est action de grâce, pour le don que le Seigneur nous a fait de sa vie. L’Eucharistie est bénédiction, pour tous les cadeaux de la vie. L’Eucharistie est partage, car si un membre souffre, c’est tout le corps qui souffre.

La communion fraternelle va de pair avec la communion eucharistique, car aimer Dieu et aimer son prochain sont les deux faces d’une même réalité. Et l’une ne va pas sans l’autre. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit : voilà le plus grand commandement et le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mt 22, 37-39)

Lors de chaque prière eucharistique, nous demandons humblement, qu’en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit en un seul corps. Prions pour l’unité dans notre communauté paroissiale, que nous ayons un seul cœur et une seule âme. Prions pour l’unité dans l’Eglise. Prions pour l’unité des chrétiens. Et que cette unité trouve son prolongement dans l’attention portée aux frères, et notamment aux personnes démunies, isolées ou malades.

Thierry Magnan

« Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn 3, 1-8)

Alléluia. Alléluia.
Si vous êtes ressuscités avec le Christ,
recherchez les réalités d’en haut :
c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Alléluia. (Col 3, 1)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Il y avait un homme, un pharisien nommé Nicodème ;
c’était un notable parmi les Juifs.
Il vint trouver Jésus pendant la nuit.
Il lui dit :
« Rabbi, nous le savons,
c’est de la part de Dieu que tu es venu
comme un maître qui enseigne,
car personne ne peut accomplir
les signes que toi, tu accomplis,
si Dieu n’est pas avec lui. »
Jésus lui répondit :
« Amen, amen, je te le dis :
à moins de naître d’en haut,
on ne peut voir le royaume de Dieu. »
Nicodème lui répliqua :
« Comment un homme peut-il naître
quand il est vieux ?
Peut-il entrer une deuxième fois dans le sein de sa mère
et renaître ? »
Jésus répondit :
« Amen, amen, je te le dis :
personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit,
ne peut entrer dans le royaume de Dieu.
Ce qui est né de la chair est chair ;
ce qui est né de l’Esprit est esprit.
Ne sois pas étonné si je t’ai dit :
il vous faut naître d’en haut.
Le vent souffle où il veut :
tu entends sa voix,
mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va.
Il en est ainsi
pour qui est né du souffle de l’Esprit. »

– Acclamons la Parole de Dieu.


Commentaire

Etonnant, même incroyable à la première lecture, ce passage de l’évangile de St Jean où un pharisien se rend chez Jésus « PENDANT LA NUIT » !
Voilà un détail bien étrange.
Nicodème, notable juif, ne veut pas être vu par ses pairs, d’où sa résolution de se mettre en route quand chacun dort. L’obscurité est certes propice au doute, au questionnement intérieur et l’urgence d’obtenir éclaircissement et réponse surgit chez Nicodème qui est dans les ténèbres au propre comme au figuré.
Craintif, mais poussé par les besoins de son âme et sa curiosité de docteur de la Loi, il rencontre jésus qui l’accueille là ou il réside.
Jésus le reçoit, peut-être un peu surpris de la démarche. Nicodème ne pose pas de questions à Jésus, il l’appelle « Rabbi » c’est à dire « maître » et reconnait en lui la présence et la puissance de Dieu.
Il est interpellé par les signes accomplis par Jésus et veut en savoir plus.
Jésus lui explique alors un peu abruptement qu’une seule condition est nécessaire pour voir le royaume de Dieu : « naître d’en haut », notion que Nicodème malgré ses connaissances et ses qualités ne comprend pas.
En effet il interprète littéralement cette « re-naissance » d’où le malentendu que perçoit Jésus.
Celui-ci va alors éclairer son interlocuteur, lui ouvrir le coeur et l’esprit en lui faisant une révélation capitale : « Personne , à moins de naître de l’eau et de l’esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. »
Le royaume de Dieu donne accès à une vie nouvelle, Jésus dévoile ainsi à Nicodème un chemin pour y parvenir : vivre au souffle de l’Esprit, être disponible à sa réception, se laisser caresser par le vent.
En grec, comme en hébreu le même mot désigne le vent et l’esprit.

Nicodème, avançant dans la nuit ressemble à tous ceux qui ont une vision obscure de la foi et espèrent voir se lever une lumière.
Alors chers amis, comme Nicodème en quête de Dieu, osons frapper à la porte que Jésus est prêt à nous ouvrir, à tout moment, de jour comme de nuit.
Confions-nous à lui qui est toujours à notre écoute, laissons-le dissiper nos peurs et nos obscurités en priant l’Esprit Saint, en lisant la Parole de Dieu et en témoignant de La Bonne Nouvelle auprès de ceux qui demeurent dans les ténèbres et ont soif de réconfort et de certitudes.

Oui, le Seigneur est proche, le Christ est vraiment ressuscité, il est dans notre vie. ALLELUIA !

Ghislaine Monin

Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile » (Mc 16, 9-15)
Alléluia. Alléluia.
Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !
Alléluia. (Ps 117, 24)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine,
Jésus apparut d’abord à Marie Madeleine,
de laquelle il avait expulsé sept démons.
Celle-ci partit annoncer la nouvelle
à ceux qui, ayant vécu avec lui, s’affligeaient et pleuraient.
Quand ils entendirent que Jésus était vivant
et qu’elle l’avait vu,
ils refusèrent de croire.
Après cela, il se manifesta sous un autre aspect
à deux d’entre eux
qui étaient en chemin pour aller à la campagne.
Ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres,
qui ne les crurent pas non plus.
Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes
pendant qu’ils étaient à table :
il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs cœurs
parce qu’ils n’avaient pas cru
ceux qui l’avaient contemplé ressuscité.
Puis il leur dit :
« Allez dans le monde entier.
Proclamez l’Évangile à toute la création. »
– Acclamons la Parole de Dieu.


Commentaire de Jacques Averbuch

Avec l’évangile de ce jour, nous arrivons presque au terme de la semaine de l’Octave de Pâques. L’octave pascale est un temps d’allégresse, c’est ce temps de la liturgie qui est comme un long dimanche se prolongeant sur 8 jours, où chaque jour est Jour de Pâques, jour de résurrection, de joie, de lumière, d’amour, d’espérance.

L’évangéliste Marc récapitule ici des différents moments où Jésus ressuscité se montre aux femmes, aux disciples, aux Onze.
Souvenons-nous que Jésus lui-même avait révélé à ses apôtres qu’Il allait ressusciter. Malgré cela, les disciples ne comprennent pas ce qui se passe. « Ils refusent de croire » dit ici Saint Marc.

Oui, que c’est difficile de croire ! La foi n’est pas une évidence, la foi c’est croire sans voir, c’est faire confiance en la parole des témoins qui ont vu Jésus ressuscité. Nous faisons face, aujourd’hui, au même défi qu’il y a un peu plus de deux mille ans : dans quelle mesure sommes-nous capables de croire des témoins du Ressuscité, eux qui affirment l’avoir vu, touché, avoir mangé avec lui, les mêmes qui étaient présents à Jérusalem, le jour de sa mort. Et c’est toute la puissance du Ressuscité qui nous est révélé dans ce passage d’Evangile. Jésus ne regarde pas notre passé, il sait nous rejoindre même lorsque notre cœur est envahi par la tristesse, la culpabilité, même au plus profond de nos doutes, de nos peines, surtout en cette période de pandémie qui atteint tant de personnes, peut-être de nos proches, qui souffrent où qui meurent : oui pourquoi !!!

Voilà la Bonne Nouvelle du salut : un homme-Dieu a traversé la mort. Dieu a ressuscité son fils par amour pour nous tous : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Non, Jésus ne s’embarrasse pas de nos cœurs endurcis, de nos doutes ou de notre peu de foi. Malgré nos cœurs fragiles, malgré nos maladresses, malgré notre foi ébranlée, Jésus le Ressuscité, le Premier -Né de toute la création, nous tend la main et nous invite à entrer dans la pleine lumière de Dieu en confiant à chacun, chacune d’entre-nous, la joie d’annoncer la Bonne Nouvelle à l’ensemble de la création. Oui, Il nous invite simplement à dépasser nos résistances, parce que chaque parole ou expérience qu’Il nous donne est à partager avec nos frères et sœurs. Demain, l’Eglise célèbre le Dimanche de la Divine Miséricorde, fête voulue par Saint Jean-Paul II : il nous est donné la grâce de prendre conscience que nous sommes tous sauvés pat la mort et la résurrection du Christ et que cette grâce est la paix qui nous est donnée par le Christ ressuscité.
« Tout chrétien doit être un évangélisateur. Il doit porter la Bonne Nouvelle à ceux qui l’entourent. Ceci ne laisse aucune place à la bouderie, à l’égoïsme ou au doute. »
Pape François.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 24,35-48.

En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit.
Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ?
Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. »
Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds.
Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? »
Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux.
Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »
Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures.
Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.
À vous d’en être les témoins. »


Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 116 ; PL 38, 657 (trad. Solesmes, Lectionnaire, vol. 3, p. 85 rev.)

« C’est vous qui en êtes les témoins »

Après sa résurrection, le Seigneur est apparu à ses disciples et les a salués en disant : « La paix soit avec vous ! » C’est vraiment la paix, cette salutation qui sauve, car le mot « salutation » vient de « salut ». Que pourrait-on espérer de meilleur ? L’homme reçoit la salutation du salut en personne, car notre salut c’est le Christ. Oui, il est notre salut, lui qui a été blessé pour nous et cloué au bois, puis descendu du bois et mis au tombeau. Mais du tombeau il est ressuscité ; ses blessures sont guéries, mais gardent pourtant leurs cicatrices. Il est utile à ses disciples que ses cicatrices demeurent afin que les blessures de leur cœur soient guéries. Quelles blessures ? Les blessures de leur incrédulité. Il est apparu à leurs yeux avec un corps véritable et « ils croyaient voir un esprit ». Ce n’est pas là une blessure légère dans leur cœur. (…)
Mais que dit le Seigneur Jésus ? « Pourquoi ce trouble, et pourquoi ces doutes qui s’élèvent dans votre cœur ? » Il est bon pour l’homme non que sa pensée s’élève dans son cœur, mais que ce soit son cœur qui s’élève — là où l’apôtre Paul voulait établir le cœur des fidèles, à qui il disait : « Du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d’en haut, non celles de la terre. Car vous êtes morts et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ sera manifesté, lui qui est votre vie, alors vous aussi serez manifestés avec lui pleins de gloire » (Col 3,1s). Et quelle est cette gloire ? La gloire de la résurrection. (…)
Nous, nous croyons à la parole de ces disciples, sans qu’ils nous aient montré le corps ressuscité du Sauveur. (…) Mais à ce moment-là, l’événement paraissait incroyable. Le Sauveur les a donc amenés à croire non seulement par la vue, mais aussi par le toucher, pour que par le moyen des sens la foi descende dans le cœur et puisse être prêchée dans le monde entier à ceux qui n’avaient pas vu ni touché, mais qui pourtant croiraient sans hésitation (cf Jn 20,29).

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 24,13-35.

Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.
Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.
L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple :  comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.
Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.
À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau,
elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !
Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.
Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.
Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :
« Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »
À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

MERCREDI DE L’OCTAVE DE PAQUES
Quelle joie indescriptible de ces deux disciples d’Emmaüs qui reviennent à Jérusalem. Au matin de Pâques, ils étaient partis tristes et déçus de ce qui leur paraissait un échec cuisant. Ils avaient mis toute leur confiance en Jésus et par sa mort tout semblait anéanti. Et tout à coup, eux qui avaient été traversés par des doutes, ils découvrent que ce que Jésus avait annoncé, concernant sa résurrection, est bien vrai ! Celui qui était passé par la mort, est vivant. Aujourd’hui, nous pensons que ces disciples, les premiers témoins, ont eu une chance extraordinaire de retrouver Jésus vivant, et cette chance, a été transmise par écrit pour que nous puissions la relire, la méditer et la confronter à notre vie.
Il nous arrive à nous aussi d’être, d’une certaine façon, des pèlerins d’Emmaüs. A certains moments, rien ne va plus ? Dieu est loin, l’Eglise nous pèse, nous sommes assaillis de doutes ou nous rencontrons des difficultés dans note vie. Et puis, surviennent une rencontre, une parole, une lecture qui dissipent peu à peu les nuages, et l’optimiste et la joie reviennent. C’est Jésus qui fait route avec nous, qui vient au cœur de notre vie, qui partage avec nous les joies et les fatigues du voyage. Ecoutons-le nous redire : « Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps. »
Nous sommes, les uns et les autres, quelque part sur la route d’Emmaüs. Le Seigneur, en personne, nous accompagne mystérieusement ; sa présence n’est plus à côté des disciples, comme hier, mais au-dedans. Il est dans le compagnon, la compagne qui partage notre vie, dans les enfants qui sont nés de notre amour, dans nos amis, nos voisins, nos collègues de travail, dans nos engagements. Il est également présent dans tous ceux et celles que nous rencontrons sur notre chemin, avec celui ou celle qui est malade, âgé, au chômage ou dans l’étranger qui croise nos routes, dans celui ou celle qui est triste ou découragé, dans tous ceux et celles que nous ne connaissons pas mais qui sont connus et aimés de Dieu. Oui, demandons avec foi au Seigneur, d’ouvrir nos yeux afin de pouvoir le reconnaître sur tous les chemins de notre vie. Alors, nous pourrons annoncer, en paroles et en actes, qu’il est à jamais vivant et qu’il nous invite, toutes et tous, à vivre pour toujours unis en Dieu.
Oui Jésus est ressuscité, amen, alléluia.
Jacques Averbuch, diacre