Mardi 12 mai – Evangile de Jésus Christ selon Saint Jean
Jn 14, 21-26
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » Jude – non pas Judas l’Iscariote – lui demanda : « Seigneur, que se passe-t-il ? Est-ce à nous que tu vas te manifester, et non pas au monde ? » Jésus lui répondit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
Méditation
La condition pour voir le Christ serait donc de l’aimer ? Voilà qui dit ce qu’est la foi. Aimer est plus que croire en une hypothèse invérifiable, cela repose sur une expérience. C’est encore plus qu’un élan de confiance totale, c’est voir l’avenir du monde à travers la personne aimée… avec comme corollaire vouloir le bonheur de cette dernière. Et du coup, c’est à la fois garder le souvenir des moments passés ensemble comme un trésor, et être dans l’attente de pouvoir reprendre la relation. Une soif inextinguible de continuité.
Ce n’est qu’une opinion, car ce n’est mentionné dans les Ecritures, mais je suis persuadé que le Christ n’a pas fait d’exclusion dans son choix d’apparaître après sa résurrection. Ce n’est pas dans ses habitudes. Et dès lors, il ne s’est peut-être pas manifesté qu’aux apôtres, ni même aux « 500 frères » mentionnés dans la 1ère aux Corinthiens. Il s’est peut-être aussi manifesté beaucoup plus largement, et même, pourquoi pas, à Caïphe et Hanne qui l’ont condamné. Mais on ne peut repérer sa présence que si on en attend ardemment la chaleur. Caïphe et Hanne en étaient bien loin. Marie-Madeleine en était peut être la plus assoiffée, et peut-être est-ce la raison pour laquelle elle fut la première (sans compter Marie, bien sûr, mais l’Ecriture reste discrète sur ce point comme si cela allait de soi).
Alors peut-être avons-nous soif, aussi, et n’avons-nous rien vu. C’est juste une question de lunettes et d’accommodation. Mais sans cette soif qui cherche partout les traces de son passage, qui filtre les évènements aux tamis de la tendresse qu’ils nous témoignent jusque dans les moments douloureux (et peut-être spécialement à ces moments-là), on risque de passer à côté. Le Christ, s’il est l’Emmanuel, tient sa promesse de Mt 28-20 « Et moi, Je Suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Il le fait sans être envahissant, mais avec une délicatesse et une humilité exquises, comme un ami qui ne lâche pas son ami.
Certes, discerner sa présence sera toujours un acte de foi, où nous pourrions décider de ne rien voir. Mais laisser, au moins, cette éventualité d’une signature de sa part, et mettre bout à bout les différents évènements où nous l’avons deviné permettra d’en découvrir le fil rouge, et de comprendre encore mieux la tendresse avec laquelle il s’est approché, même sans rien dire de spécial, juste pour être là et poser comme une caresse à l’âme. C’est se découvrir aimé, tout simplement. Et ça change tout.
Père Marc