Gloria
Depuis Pâques nous chantons à nouveau le Gloire à Dieu aux messes du dimanche. Mais au fait, quésaco ?
D’où vient ce texte et cette tradition ?
C’est une doxologie…hum : re-quésaco ? Une doxologie c’est une phrase de louange qui conclut les prières et les psaumes pendant l’office des Heures. Il se
chante souvent très simplement : Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit pour les siècles des siècles, amen. Le Gloria est donc une grande doxologie.
Il s’agit de chanter la Gloire de Dieu, de rendre hommage à Dieu parce qu’Il est Dieu, c’est aussi simple que ça !
Pourtant attention au mot Gloire ! Pour nous c’est très souvent un piège grossier. Gloire vient de Doxa qui a donné doxologie mais qui, en grec, veut aussi dire « opinion ». Voilà le piège. Pour nous, les hommes, la gloire est souvent ce petit truc minable qui consiste à briller : « comme c’est brillant », disons-nous pour flatter notre intelligence quand elle n’a rien compris à un discours enflé. Notre doxa est souvent un attrape-nigaud ; en fait juste un peu d’esbrouffe, de clinquant, de tintamarre ou de froufrou et nous voilà bouche-bée, épatés : c’est la gloire !
Pour les chrétiens, il faut fuir tout ça bien évidemment, c’est la frugalité, la simplicité de l’enfant nouveau-né de la crèche qui a, en premier, fait naître ce
chant du Gloria ! Chant des Anges : « et soudain, il y eut dans le ciel une foule immense d’anges qui chantaient : Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! » (Luc 2, 13). Pour nous Gloire veut dire : vérité, plénitude, évidence.
Ce chant est né dans l’église Byzantine. Au petit matin, c’était la grande doxologie de Laudes ! Le Gloria est venu en Occident vers le VI e siècle à l’occasion de Noël, bien sûr puis vers le XII e aux messes du dimanche.
Le Gloria est aussi une composition littéraire de belle facture, mais il faut pour bien la goûter, y prêter attention.
Cette hymne n’est pas trinitaire ou alors par rattrapage. La mention de l’Esprit Saint est tardive. On l’a ajouté (au VIII e ?) pour en faire une doxologie
« canonique ». C’est une prière pour apprendre à bien ajuster notre prière : rendre grâce à Dieu, premier temps, puis développer cette louange en regardant le Christ. Observons.
Gloire à Dieu, au plus haut des cieux,
Et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.
Nous te louons,
nous te bénissons,
nous t’adorons,
nous te glorifions,
nous te rendons grâce,
pour ton immense gloire,
Seigneur Dieu, Roi du ciel,
Dieu le Père tout-puissant.
Vous repérez facilement : le corps de la prière ajustée, c’est la louange répétée 5 fois (dans la symbolique iconographique c’est souvent le signal de la Torah, le Pentateuque fait de 5 livres). Et nous le louons pourquoi ? Pour la Gloire, ou si on veut : parce qu’Il est Dieu. Le mot gloire encadre cette première partie. Le «au plus haut des cieux » dit à la fois la Puissance, l’attribut du Créateur et son insaisissabilité ; il est trop haut pour nous. Les jeunes diraient : « Dieu, Il est trop ! » (en n’oubliant pas les majuscules j’espère…)
Mais bon, soyez en paix, ne paniquez pas, il est insaisissable, certes, mais il vous aime, par-là vous pouvez être saisis, conduits, orientés, destinés.
Ensuite :
Seigneur, Fils unique, Jésus Christ,
Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, le Fils du Père.
– Toi qui enlèves le péché du monde,
prends pitié de nous
– Toi qui enlèves le péché du monde,
reçois notre prière ;
– Toi qui es assis à la droite du Père,
prends pitié de nous.
Car toi seul es saint,
Toi seul es Seigneur,
Toi seul es le Très-Haut,
Ah ben voilà ! Là, c’est trinitaire ou du moins c’est une triade de triades.
Seigneur, Fils unique, Jésus Christ. Et de trois !
Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, le Fils du Père. Seconde triade.
Car toi seul es saint,
Toi seul es Seigneur,
Toi seul es le Très-Haut. Et voilà trois fois « toi » pour finir.
Et pour parachever le tout :
– Toi qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous
– Toi qui enlèves le péché du monde, reçois notre prière ;
– Toi qui es assis à la droite du Père, prends pitié de nous.
Là encore, ça demanderait bien des commentaires et des méditations. Une prochaine fois peut-être…
P Bernard Klasen