Aimer de l’amour dont Dieu nous aime
Si l’âme se donne à Dieu et sert Dieu pour Dieu même, lui qui est tout entier bonté et toute bonté, digne d’être aimé seulement pour lui-même, alors l’âme doit se mettre sur la voie droite et marcher au pas de l’amour pur, droit, fervente et ordonnée. Et le premier pas que doit faire l’âme sur cette voie est de connaître Dieu en vérité. Alors elle le verra et connaîtra dans sa bonté ; et non seulement dans sa bonté, mais souverainement et parfaitement bon. Le trouvant bon, elle l’aimera pour sa bonté ; et l’aimant, elle désirera le tenir ; et le désirant, elle donnera tout ce qu’elle a et pourra avoir, et elle-même encore, pour pouvoir le tenir ; et alors, le tenant, elle sentira et goûtera sa douceur. Et tenant, sentant et goûtant Dieu lui-même, douceur souveraine et infinie, elle le possédera dans les plus grands délices. Oui, cette âme pleine de l’amour de ce bien aimé si doux, désire le posséder, et désirant le posséder, elle l’embrasse ; l’embrassant, elle l’étreint, elle s’unit à Dieu et Dieu à elle en souveraine douceur d’amour. Et alors, la force de l’amour transforme l’amante en l’amant, et l’amant en l’amante : l’âme embrasée d’amour divin par la force de l’amour se transforme en Dieu, son bien aimé, aimé si doucement par elle, comme le fer incandescent reçoit en lui la forme du feu, sa couleur, sa chaleur, sa force et sa valeur, comme s’il devenait feu.
Sainte Angèle de Foligno
Née en Ombrie au 13ème siècle, Angèle se convertit vers 40 ans après une vie mondaine.