Dimanche 30 septembre 2018

26ème dimanche ordinaire, B

Préserver un patrimoine remarquable du XXème siècle

L’église Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus à Boulogne-Billancourt est un inestimable témoignage de l’art sacré des années 1930. Pour le sauvegarder, d’importants travaux de rénovation des vitraux de la façade sud étaient nécessaires. Ils sont en cours d’achèvement. Au début du XXè siècle, il n’y avait autour de l’église Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus à Boulogne-Billancourt que des zones de maraîchage, des blanchisseries et les usines Renault.

L’église en béton armé et briques a pris la place d’une ancienne chapelle. La première pierre est posée en 1926 mais le chantier est interrompu faute de ressources financières. C’est l’intervention des Chantiers du Cardinal en 1938 qui permet de relancer la construction. L’édifice, ainsi que sa décoration intérieure, ne seront achevés qu’après la Seconde Guerre mondiale.

André Pierre est chargé de dessiner trois baies sur la façade sud, pour compléter le travail déjà réalisé par Auguste Labouret.

Plus de 70 ans après, les Chantiers du Cardinal interviennent à nouveau. Il s’agit cette fois de soutenir la rénovation des trois vitraux d’André Pierre. « Ils sont installés dans des structures béton qui ont éclaté, ce qui a provoqué la déformation des vitraux » explique François Bévillard, l’architecte en charge de la rénovation. « Il y avait eu des réparations ponctuelles mais cela ne suffisait plus: l’eau passait à travers. »

Sur ce chantier, le maître-verrier Hervé Loire, des Ateliers Loire à Chartres, s’est adapté aux matériaux. Pour les vitraux figuratifs, la rénovation est classique: « On démonte l’existant et on change les morceaux de verre brisé, explique l’artisan; pour les vitraux en dalle de verre (verre inséré dans du ciment), c’est plus complexe. » Ne pouvant être rénovés, ils sont refaits à l’identique « en cherchant la nuance la plus proche de celle d’origine ».

Aujourd’hui grand-père, Jean-Yves de Luca fréquente cette église depuis sa plus tendre enfance. Il est heureux de voir les travaux de rénovation s’achever. Sa mission d’économe lui a donné l’occasion d’assister aux réunions de chantier « J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler sur ce chantier. La cohabitation entre tous s’est très bien passée. » Pendant les travaux, l’église est restée ouverte, « les ouvriers s’arrêtent pour les célébrations d’obsèques » précise-t-il.

Si l’édifice a reçu le label « Patrimoine remarquable du XXè siècle », il n’est pas classé au titre des monuments historiques. Pour autant, il n’était pas question de rénover l’église sans conserver son décor. « Ces vitraux sont beaux, insiste l’économe, on n’allait pas les remplacer par du plexiglas! » Et ce n’est pas Patrice Viot-Coster qui le contredira: « Avant, je voyais l’image. J’en comprends maintenant le sens. » Ce paroissien, par ailleurs membre du conseil financier, s’est passionné pour l’histoire de l’église Sainte-Thérèse. « Cette église avait alors vocation à parler aux ouvriers, rappelle-t-il. Aujourd’hui nous devons nous approprier cette riche iconographie! »

Bâtisseurs – La revue des Chantiers du Cardinal – septembre 2018