Dimanche 17 mai – Evangile de Jésus Christ selon Saint Jean
« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur » (Jn 14, 15-21)
Alléluia. Alléluia.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ;
mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui.
Alléluia (Jn 14, 23)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Si vous m’aimez,
vous garderez mes commandements.
Moi, je prierai le Père,
et il vous donnera un autre Défenseur
qui sera pour toujours avec vous :
l’Esprit de vérité,
lui que le monde ne peut recevoir,
car il ne le voit pas et ne le connaît pas ;
vous, vous le connaissez,
car il demeure auprès de vous,
et il sera en vous.
Je ne vous laisserai pas orphelins,
je reviens vers vous.
D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus,
mais vous, vous me verrez vivant,
et vous vivrez aussi.
En ce jour-là, vous reconnaîtrez
que je suis en mon Père,
que vous êtes en moi,
et moi en vous.
Celui qui reçoit mes commandements et les garde,
c’est celui-là qui m’aime ;
et celui qui m’aime
sera aimé de mon Père ;
moi aussi, je l’aimerai,
et je me manifesterai à lui. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Méditation
La Parole de Dieu de ce Dimanche nous prépare à l’Ascension du Seigneur et à la Pentecôte où viendra « un autre Défenseur » : l’Esprit Saint qui nous fait vivre de la Vie même de Dieu.
Le soir du Jeudi Saint, après leur avoir lavé les pieds, Jésus s’entretient longuement avec Ses disciples pour la dernière fois. Pour les réconforter devant la séparation imminente et la tourmente qui se prépare, Jésus parle de Son Père et de la relation qui l’unit, Lui le Fils à Son Père : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi je prierai le Père, et Il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité ».
C’est l’accomplissement de la promesse d’une nouvelle Alliance qu’annonçait, au Nom du Seigneur, le prophète Ezéchiel : « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau… Alors vous suivrez mes lois et vous observerez mes commandements ». (Ez 36,26-27) Cette transformation accomplie par Dieu rend possible la nouvelle Alliance, une relation d’amour personnelle entre Dieu et les croyants. Car l’obéissance biblique n’est jamais une soumission servile mais une adhésion du cœur, dans la foi, à la volonté, au dessein d’amour de Dieu.
« Il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ». (Jn 16,7) Cet autre verset de Saint Jean nous oriente vers une compréhension éminemment positive de la « disparition » du Christ à l’Ascension qui est aussi Son passage vers le Père. Jésus, le premier « Défenseur », ne pouvait pas toujours demeurer avec Ses disciples, car dans Sa nature humaine, Il était nécessairement limité dans le temps et l’espace.
Pourtant « l’Esprit de vérité » ne remplace pas Jésus puisqu’Il dit à ses disciples : « Je ne vous laisserai pas orphelin, je reviens vers vous ». Par ce mot « orphelin », Jésus évoque une nouvelle fois son départ. Mais Il nous promet qu’Il ne nous laissera pas seuls, abandonnés à nous-mêmes. Il nous promet l’Esprit Saint, tout en disant curieusement ici : « Je reviens à vous ». Expression qui indique bien que l’Esprit et Lui ne font vraiment qu’un, que l’action de l’Esprit ne fera que manifester l’action de Jésus glorifié. Il n’y a pas d’autre Révélation à attendre !
« Le monde ne me verra plus, mais vous vous me verrez vivant, et vous vivrez ». La promesse de Jésus vise non seulement Ses « rencontres », après Pâques, avec ses disciples, mais aussi Sa nouvelle Présence auprès de tous les croyants.
L’Esprit va leur donner ce « regard intérieur » de la foi capable de « le rencontrer » vivant, au plus intime de leur cœur dans les sacrements, particulièrement l’Eucharistie, et au sein de la communauté des frères et des sœurs.
Et non seulement l’Esprit nous permet de « voir » Jésus vivant, dans la foi, mais Il nous permettra de vivre de Sa Vie nouvelle, de participer à Sa Vie divine, d’être des vivants. Et cette expérience est imminente indique Jésus : « En ce jour là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi et moi en vous ». En « ce jour-là », c’est-à-dire à partir du Jour de Sa Résurrection. Les manifestations pascales ne seront pas un terme mais le début d’une Présence permanente.
Aussi avec l’aide de l’Esprit Saint, notre mission de baptisés est d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, à l’exemple de Philippe. (Première lecture) Après la lapidation d’Etienne, l’un des Sept Juifs hellénistes (c’est-à-dire qui parlent grec) choisis pour le service des veuves de la communauté, ses amis ont dû fuir Jérusalem et la persécution des grands prêtres. Cette fuite providentielle aboutit à l’évangélisation d’autres contrées. (Ac 8,1-4) Ainsi Philippe part en Samarie, selon la Parole de Jésus : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’à toute l’extrémité de la terre ». (Ac 1,8)
Les Apôtres restés à Jérusalem ne peuvent que constater le succès de l’évangélisation de Philippe en Samarie qui réunit symboliquement les anciens royaumes d’Israël et de Juda. Mais Philippe donnait un baptême au seul « Nom du Seigneur Jésus ». Aussi, Saint Pierre et Saint Jean après avoir prié pour les Samaritains ainsi baptisés leur imposent les mains pour qu’ils reçoivent l’Esprit Saint. Car sans Lui, personne ne peut dire que « Jésus est Seigneur ». (1 Co 12,3).
Il n’est donc pas facile, pas plus hier qu’aujourd’hui, de témoigner de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ dans un milieu indifférent, voire hostile, comme c’était le cas pour les premiers chrétiens. Mais comme l’écrit Saint Pierre, « [Jésus] le juste, dans Sa Chair, Il a été mis à mort ; dans l’Esprit, Il a été rendu à la vie ». Aussi n’ayons pas peur de « rendre raison de l’espérance qui est en nous, avec douceur et respect », à travers nos paroles, mais surtout nos actes. (Deuxième lecture)
Et, rappelons-nous cette phrase d’un écrivain chrétien : « Ne parlez jamais de Jésus Christ si on ne vous interroge pas, mais vivez de telle manière qu’on vous interroge ». Amen.
Père Patrice