Dimanche 10 mars 2019
1er dimanche du Carême, année C
Dans le Christ, c’est nous qui sommes tentés.
Entends ma plainte, Seigneur, écoute ma prière. Qui donc parle ? Il semble que ce soit un seul homme. Regarde si c’est un seul : Des extrémités de la terre, je crie vers toi, parce que mon cœur est angoissé. Il n’est donc plus un seul désormais ; mais il est un seul parce que le Christ est unique, et pourtant nous sommes tous ses membres. Car, est-ce qu’un seul homme crie des extrémités de la terre ? Ce qui crie des extrémités de la terre ne peut être que cet héritage au sujet duquel le Père a entendu cette parole : Demande, et je te donne les nations en héritage, les extrémités de la terre pour domaine.
Ce domaine du Christ, cet héritage du Christ, ce corps du Christ, cette unique Église du Christ, cette unité que nous sommes, c’est elle qui crie des extrémités de la terre. Mais que crie-t-elle ? Ce que j’ai dit tout à l’heure : Entends ma plainte, Seigneur, écoute ma prière ; des extrémités de la terre, je crie vers toi. J’ai crié cela vers toi des extrémités de la terre, c’est-à-dire de partout.
Mais pourquoi ai-je crié cela ? Parce que mon cœur est angoissé. Le corps du Christ montre qu’il est, à travers toutes les nations, sur toute la terre, non pas dans une grande gloire, mais dans une grande épreuve.
Dans son voyage ici-bas, notre vie ne peut pas échapper à l’épreuve de la tentation, car notre progrès se réalise par notre épreuve ; personne ne se connaît soi-même sans avoir été éprouvé, ne peut être couronné sans avoir vaincu, ne peut vaincre sans avoir combattu, et ne peut combattre s’il n’a pas rencontré l’ennemi et les tentations.
Il est donc angoissé, celui qui crie des extrémités de la terre, mais il n’est pas abandonné. Car le Christ a voulu nous préfigurer, nous qui sommes son corps, dans lequel il est mort, est ressuscité et monté au ciel ; c’est ainsi que la Tête a pénétré la première là où les membres sont certains pouvoir la suivre.
Il nous a donc transfigurés en lui, quand il a voulu être tenté par Satan. On lisait tout à l’heure dans l’évangile que Seigneur Jésus Christ, au désert, était tenté par le diable. Parfaitement ! Le Christ était tenté par le diable ; dans le Christ, c’est toi qui étais tenté, parce que le Christ tenait de toi sa chair, pour te donner le salut ; tenait de toi sa mort, pour te donner la vie ; tenait de toi les outrages, pour te donner les honneurs ; donc il tenait de toi la tentation, pour te donner la victoire.
Si c’est en lui que nous sommes tentés, c’est en lui que nous dominons le diable. Tu remarques que le Christ a été tenté, et tu ne remarques pas qu’il a vaincu ? Reconnais que c’est toi qui es tenté en lui ; et alors reconnais que c’est toi qui es vainqueur en lui. Il pouvait écarter de lui le diable ; mais, s’il n’avait pas été tenté, il ne t’aurait pas enseigné, à toi qui dois être soumis à la tentation, comment on remporte la victoire.
Homélie de Saint Augustin sur le psaume 60