Dimanche 13 octobre 2019

28ème dimanche du temps ordinaire, année C

Disciple Missionnaire avez-vous dit ?

Une expression nouvelle a fait son entrée dans le vocabulaire ecclésial en France. Il est devenu courant de parler de « disciples missionnaires ».

L’expression apparaît une première fois dans le document final de la Vème Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes (CELAM).

Le pape François se réfère souvent à ce texte. L’assemblée a eu lieu en 2007 au sanctuaire national de Notre-Dame d’Aparecida au Brésil.

Dans l’exhortation  « La joie de l’Evangile », le pape François a fait connaître plus largement cette expression : « L’Église en sortie est la communauté des disciples missionnaires » (n° 24).

Le pape ne dit pas disciples et missionnaires, mais disciples-missionnaires. Il indique ainsi que ces deux aspects de la vie chrétienne sont indissociablement liés.

En effet, on ne peut pas être missionnaire sans être disciple. On ne peut pas être disciple sans que la vie dans le Christ et son Esprit prenne corps dans l’agir, le témoignage et l’annonce.

Voilà ce que dit le pape François : « Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ ; nous ne disons plus que nous sommes « dis­ciples » et « missionnaires », mais toujours que nous sommes « disciples-missionnaires ». (n° 120)

Si un chrétien a fait l’expérience de l’amour de Dieu – pense le pape François – il n’a pas besoin de beaucoup de temps de préparation ou de formation pour aller l’annoncer.

La motivation profonde de l’évangélisation est le désir de partager l’amour reçu, de vouloir le bien du prochain et son bonheur.

Le pape ne fait-il pas ainsi écho à un autre François ? En effet, Saint François d’Assise a expliqué ainsi l’évangélisation au Frère Tancrède :

« As-tu réfléchi à ce que c’est qu’évangéliser les hommes ? Evangéliser un homme, vois-tu, c’est lui dire : Toi aussi, tu es aimé de Dieu dans le Seigneur Jésus. Et pas seulement le lui dire, mais le penser réellement. Et pas seulement le penser, mais se comporter avec cet homme de telle manière qu’il sente et découvre qu’il y a en lui quelque chose de sauvé, quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu’il pensait… C’est cela lui annoncer la bonne nouvelle. » 

Il est certain que les communautés chrétiennes doivent se demander comment répondre concrètement à cet appel du pape de devenir des communautés plus missionnaires.

Le pape demande qu’elles assument cette dimension dans toutes leurs activités. Il invite à une conversion pastorale et missionnaire. (n° 25) Mais il semble difficile pour les chrétiens de mettre ces orientations en œuvre.

Peu nombreux sont ceux qui créent des projets missionnaires. Or le pape ne se contente pas d’affirmer quelques grandes idées. Il indique une piste concrète et une méthode d’évangélisation accessible à tous.

En effet, l’Evangile invite à courir le risque de la rencontre avec le visage de l’autre, avec sa présence physique qui interpelle, avec sa souffrance et ses demandes. Il ne faut jamais se lasser choisir la fraternité (cf. n° 91). « Dans son incarnation, le Fils de Dieu nous a invités à la révolution de la tendresse. » (n° 88).

La foi authentique dans le Fils de Dieu fait chair est inséparable du don de soi, de l’ap­partenance à la communauté, du service et de la réconciliation.  L’unique voie consiste donc dans le fait d’apprendre à rencontrer les autres en adoptant le comportement juste, en les appréciant et en les acceptant comme des compagnons de route, sans résistances intérieures. (n° 91)

Parfois on rencontre peu de bienveillance dans les communautés chrétiennes. On se critique et on se juge mutuellement. Des nouveaux arrivants dans les paroisses témoignent de la difficulté de se faire accepter et de se voir confier des responsabilités. Les « anciens » veillent à ne pas perdre leur influence. Peut-être la conversion pastorale et missionnaire demandée par le pape commence-t-elle déjà par une vie fraternelle plus forte dans les communautés chrétiennes et un regard bienveillant et accueillant sur ceux qui croisent notre route et ceux qui viennent comme le Christ déplacer nos habitudes…

   Père Marc