Chers frères et sœurs du diocèse de Nanterre,

Le rapport de la CIASE (commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise) vient d’être publié. Ce qu’il nous dit des abus sexuels commis dans le cadre ecclésial est terrible et révoltant. Comme l’a déclaré Mgr Eric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France, « la voix des victimes nous bouleverse, leur nombre nous accable ». Ce rapport, c’est nous, évêques de France, qui l’avons souhaité en vue d’un indispensable travail de véritable reconnaissance du mal commis et subi, infiniment douloureux mais absolument nécessaire et, nous l’espérons tous ardemment, salutaire.

Dans ce contexte si éprouvant, je veux redire avant tout notre solidarité, profonde et durable, avec les personnes victimes et leurs proches, la honte et la douleur que suscite en nous ce qu’elles ont vécu, notre volonté de tout faire pour que s’ouvre pour tous un chemin d’espérance et de paix. On ne doit jamais sous-estimer la souffrance des personnes qui ont été atteintes dans leur intimité et leur intégrité ni le courage dont elles ont dû faire preuve pour parler. Le travail de purification auquel nous allons travailler devra beaucoup à ce courage fondateur.

Dans le diocèse de Nanterre, comme dans les autres diocèses, du travail est accompli depuis plusieurs années pour que l’Eglise soit une maison sûre : formation régulière de tous les éducateurs, prêtres et laïcs, à une juste attitude envers tous, en particulier les plus jeunes et les plus fragiles ; collaboration avec les autorités judiciaires ; rappel régulier des bonnes pratiques ; aménagement des locaux pour que tout s’y passe au grand jour. Avec toute notre société, nous allons poursuivre et intensifier ces efforts en fonction des nombreuses recommandations de la CIASE (travail sur le droit de l’Eglise, sa gouvernance, les risques de sacralisation des personnes…).

Tous ceux qui le souhaitent et qui portent le poids et la blessure d’un abus subi peuvent prendre contact avec la cellule d’écoute mise en place dans notre diocèse en 2016 afin d’entendre et d’accompagner les personnes victimes et leurs proches. Cette cellule est constituée de professionnels (avocat, médecin, psychologue, conseillère conjugale) qui les recevront sans tarder (ecoutevictime@diocese92.fr – 06 81 74 23 44). N’hésitez pas à le faire savoir autour de vous pour que personne ne demeure prisonnier du silence et du traumatisme d’un abus subi.

Aux prêtres et aux éducateurs si nombreux qui accomplissent leur mission avec justesse et générosité, je veux dire ma confiance et mon soutien. Ne nous décourageons pas ! Vivons cette étape difficile comme un temps de croissance dans la vérité, la fidélité et l’espérance.

Beaucoup de lieux (paroisses, mouvements, établissements catholiques), souhaiteront sûrement organiser dans les jours et les semaines qui viennent des temps d’échange et de prière, pour que chacun puisse partager ses questions, ses révoltes, sa supplication. Je vous encourage également à lire ou relire la « Lettre des évêques de France aux catholiques sur la lutte contre la pédophilie » publiée en mars dernier (et disponible sur le site eglise.catholique.fr). Lors de leur assemblée plénière de novembre prochain, les évêques, avec des religieuses, des religieux et des fidèles laïcs, travailleront avec détermination à une première réception opérationnelle du rapport.

C’est dans la vérité, l’humilité et la communion que nous parviendrons à traverser cette épreuve. Les drames présentés par le rapport sont plus graves encore que ce que nous pouvions imaginer : ils appellent à une conversion plus large et plus profonde que ce que nous pensions. Mais cette conversion, si nous nous y engageons vraiment, ouvrira un chemin d’espérance. Que Dieu nous en donne la force et veille sur chacun.

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+ Matthieu Rougé page2image58191680

Evêque de Nanterre

Ecouter, entendre …

Nous avons reçu le rapport de la Commission Indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise demandé par l’église catholique de France. « Faire la lumière » , « comprendre », « prévenir » et « proposer » en sont les missions. Nous sommes profondément troublés par le mal que des prêtres, religieux, religieuses et laïcs ont pu faire, alors que nous attendions d’eux l’exemplarité.

Les victimes doivent avoir les premiers égards, elles ont besoin de cette huile extrême : douceur, vérité, paix.

Soyons en vérité, elles ont eu le courage de parler, il nous faut entendre l’abominable de ce que ces personnes ont vécu. Ils et elles ont été traités comme des objets. Beaucoup ont pu parler grâce à la police, la justice, des journalistes, des associations et des cellules d’écoute : remercions-les, les uns et les autres, la compassion commence par l’écoute. Guérir commence par la parole rendue. 

Le Christ n’est pas mort pour rien. Si Dieu lui-même est venu sur le chemin de l’humanité errante c’est pour nous conduire vers la plénitude de la Vie. Riche de cette foi, gardons le cœur en espérance en menant ce combat avec le Christ pour devenir des témoins de l’évangile lumineux et joyeux. Et, s’il nous faut écouter d’abord les victimes, entendons aussi que le criminel a besoin d’être libéré du filet qui l’empêtre dans le vice et le crime.

Taisons-nous pour écouter nos soeurs et nos frères victimes qui nous disent leurs souffrances, leurs reproches, leurs mystères et les secrets de leur cœur et espérons en apprenant d’eux. Convertissons-nous. 

Jean Emmanuel Gouze, votre curé.

« Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle !  » (1 Tm 6)

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